Frank Meyer referma son ordinateur tandis que le soir de ce début d’hiver tombait sur sa maison de Westwood, Californie, non loin du campus de l’UCLA. Ce quartier cossu du Westside de Los Angeles, blotti entre Beverly Hills et Brentwood, est formé d’un gracieux entrelacs de rues résidentielles et d’opulentes villas. Frank Meyer – ce qui le surprenait plus que quiconque au vu de ses origines – vivait dans une de ces villas.

Son travail terminé, Frank se renversa dans son siège de bureau et écouta ses fils cavaler dans les profondeurs de la maison tels deux petits rhinocéros. Leur vacarme le rendait heureux, tout comme la généreuse odeur de viande braisée qui lui apportait une promesse de ragoût ou de bœuf bourguignon. Des voix lui parvenaient du séjour, trop lointaines pour permettre d’identifier l’émission, un jeu télévisé presque à coup sûr. Cindy avait horreur des journaux du soir.

Frank sourit, car Cindy ne s’intéressait guère plus aux programmes de jeux, mais elle appréciait d’entendre un brouhaha télévisuel lorsqu’elle cuisinait. Cindy avait ses habitudes, pas de doute, et ses habitudes avaient changé la vie de Frank. S’il possédait aujourd’hui une belle maison, une entreprise florissante et une famille merveilleuse, c’était grâce à son épouse.

Songeant à tout ce qu’il devait à cette femme, Frank sentit les larmes lui monter aux yeux. Il était sentimental et émotif, et l’avait toujours été. Comme aimait à le dire Cindy, Frank Meyer n’était au fond qu’un gros nounours, et c’était même pour cela qu’elle en était tombée amoureuse.

Frank travaillait dur pour rester à la hauteur des attentes de sa femme, ce qu’il considérait comme un privilège – reçu le jour où, onze ans plus tôt, il avait compris qu’il l’aimait et qu’il allait devoir se réinventer. Il s’était lancé avec succès dans l’importation de vêtements venus d’Asie et d’Afrique, qu’il revendait à des grossistes aux quatre coins des États-Unis. À quarante-trois ans, il était costaud et en forme, certes moins qu’auparavant. Bon, d’accord, il s’était un peu empâté, mais il faut dire qu’entre son travail et les gosses, Frank ne faisait plus de musculation depuis des années et mettait rarement les pieds sur son tapis de course. Quand il s’y risquait, ses efforts manquaient du zèle qui l’avait consumé comme une fièvre tout au long de son ancienne vie.

Cette vie-là ne manquait pas à Frank, ne lui avait jamais manqué ; et s’il lui arrivait d’avoir une pensée nostalgique pour les hommes avec lesquels il l’avait partagée, il la gardait pour lui et n’en tenait pas rigueur à sa femme. Frank s’était recréé, et, par une espèce de miracle, ses efforts avaient été récompensés. Cindy. Les enfants. Le foyer qu’ils avaient fondé. Frank pensait encore à tous ces changements lorsque Cindy apparut sur le seuil avec un petit sourire sensuel.

— Salut, mec. Tu as faim ?

— Je viens de finir. C’est quoi, cette odeur ? Ça m’a l’air fabuleux.

Il y eut un piétinement, et Frank junior, qui, à dix ans, possédait déjà la carrure râblée de son géniteur, pila net en agrippant le chambranle à côté de Cindy ; son frère cadet, Joey, six ans et presque aussi trapu, lui rentra dans le dos.

— De la viande ! cria le petit Frank.

— Du ketchup ! S’époumona Joey.

— De la viande et du ketchup, récapitula Cindy. Que demander de mieux ?

Frank recula son fauteuil et se leva.

— Je serais prêt à mourir pour de la viande et du ketchup.

Elle leva les yeux au ciel et se retourna du côté de la cuisine.

— Tu as cinq minutes, mec. Le temps que je passe ces petits monstres au jet. Lave-toi les mains et rejoins-nous.

Les garçons s’enfuirent avec des cris exagérés, frôlant Ana, qui venait d’apparaître derrière Cindy. Ana était leur nounou, une fille au pair adorable, aux yeux d’un bleu limpide et aux pommettes hautes. Elle s’occupait d’eux depuis près de six mois et leur donnait un coup de main fantastique. Encore un à-côté de la réussite croissante de Frank.

— Il faut que je nourrisse le bébé, Cindy, dit Ana. Vous avez encore besoin de quelque chose ?

— Nous avons la situation en main. Vous pouvez y aller.

Ana chercha le regard de Frank.

— Frank ? Besoin de quelque chose ?

— Ça ira, trésor. Merci. J’arrive dans une minute.

Frank acheva de ranger ses papiers, puis baissa le volet roulant avant d’aller rejoindre les siens pour le dîner. Son bureau, dont la fenêtre donnait sur la rue, était désormais isolé des ombres de la nuit. Frank Meyer n’avait aucune raison de se douter qu’un événement innommable était imminent.

 

 

Pendant que Frank savourait son dîner en famille, un Cadillac Escalade noir quittait Wilshire Boulevard pour s’engager au ralenti dans sa rue – un véhicule fauché dans la journée sur le parking d’un centre commercial de Long Beach et dont Moon Williams avait ensuite échangé les plaques contre celles d’un Escalade identique, repéré devant un club pour messieurs de Torrance. C’était la troisième fois que Moon et ses potes faisaient le tour du pâté de maisons pour voir s’il y avait des passants, des voisins aux fenêtres, ou des connards assis dans les bagnoles en stationnement.

Ce coup-ci, les vitres arrière s’abaissèrent telles des paupières somnolentes et les réverbères s’éteignirent les uns après les autres, dégommés par le pistolet calibre 22 de Jamal.

L’obscurité talonnait l’Escalade comme une marée montante.

Quatre hommes à bord, des silhouettes noires dans l’habitacle baigné d’ombre, Moon au volant, son pote Lil Tai à la place du mort, Jamal derrière avec le Ruskof. Les yeux de Moon faisaient la navette entre les baraques et le Blanc, un étranger dont il ne savait d’ailleurs pas s’il était russe ou quoi. Avec tous les enfoirés venus de l’Est qui traînaient aujourd’hui dans les parages, ce mec aurait pu être un Arménien, un Lituanien, ou même un putain de vampire transylvanien, Moon ne voyait pas la différence. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne s’était jamais fait autant de thune que depuis qu’il bossait avec le fils de pute d’étranger assis sur sa banquette arrière.

En revanche, thune ou pas thune, ça ne plaisait pas à Moon d’avoir dans le dos un mec aux yeux vitreux qui lui foutait la trouille. En plusieurs mois, c’était la première fois que ce fils de pute demandait à les accompagner. Et ça non plus, ça ne plaisait pas à Moon.

— T’es sûr, mec ? fit Moon. C’est celle-là ?

— La même que tout à l’heure, celle qui ressemble à une église.

Moon lorgna une chouette baraque à toiture en pente raide, avec des trucs genre gargouilles sur les avant-toits. La rue était large et bordée de villas bâties en retrait sur de belles pelouses en pente douce. Il devait y avoir là-dedans des avocats, des hommes d’affaires et peut-être quelques dealers occasionnels.

Lil Tai se tordit le bassin pour mater le Blanc.

— Combien on va se faire, cette fois ?

— Beaucoup. Un gros paquet.

Jamal s’en lécha les babines et sourit de toutes ses dents.

— Ça sent la thune, les mecs. J’en ai même des frissons tellement ça sent fort la thune.

— Allons chercher c’te merde, dit Moon.

Il éteignit les phares et s’engagea dans l’allée. Les quatre portières s’ouvrirent dès qu’il eut coupé le moteur ; les quatre hommes descendirent. L’éclairage intérieur de l’Escalade avait été désactivé : le plafonnier ne s’alluma pas. Seul Lil Tai fit un peu de barouf en laissant sa masse de huit kilos tinter contre le marchepied.

Ils marchèrent droit sur la porte d’entrée, Jamal en tête et Moon en queue, à reculons pour vérifier que personne ne les avait repérés. Jamal péta les ampoules du perron en tendant le bras et en les écrasant dans le creux de sa main, pop, pop, pop. Moon coinça une serviette pliée entre la poignée et la serrure afin d’amortir le bruit, et Lil Tai fit sauter cette saloperie d’un coup de masse.

 

 

Frank et Cindy débarrassaient la table lorsqu’un fracas monstrueux résonna à travers la villa, comme si une voiture venait d’enfoncer la porte d’entrée. Joey regardait une émission sur les Lakers dans le séjour et Frank junior venait de monter dans sa chambre. En entendant le vacarme, Frank crut que son aîné avait renversé l’horloge de parquet du vestibule. Frank junior avait un jour tenté de l’escalader pour accéder au palier de l’étage et, même si elle était fixée à la cloison par mesure de sécurité antisismique, Frank avait averti les garçons qu’elle pouvait basculer.

Le bruit fit sursauter Cindy. Joey courut rejoindre sa mère. Frank reposa les assiettes, prêt à se précipiter vers l’entrée.

— Frankie ! Ça va, fiston ?

À peine eurent-ils le temps de bouger que quatre hommes armés se déployèrent dans la pièce, avec un mélange d’organisation et de nonchalance qui fit penser à Frank qu’ils n’en étaient pas à leur coup d’essai.

Frank Meyer avait déjà été confronté à des raids éclairs et avait toujours su comment y réagir, mais ces situations s’étaient déroulées dans son ancienne vie. Aujourd’hui, après onze années passées assis derrière son bureau, il n’était plus dans le coup.

Quatre hommes. Gantés. Pistolets de 9 mm.

L’homme de tête était couleur café et de taille moyenne, coiffé de lourdes dreadlocks tombant sur ses épaules. Frank sut que c’était le chef parce qu’il se comportait comme tel, donnant des ordres avec les yeux. Un homme plus petit arriva juste derrière, teigneux, un bandana noir autour du crâne, à côté d’un malabar à nattes plaquées qui avait de l’or plein la bouche et la démarche du type fier d’être un malabar. Le quatrième, en retrait d’un pas, semblait se comporter en simple observateur. Blanc et presque aussi massif que le malabar, avec un crâne en boule de bowling, des yeux globuleux, et de minces favoris qui dévalaient sur ses maxillaires comme des aiguilles.

Deux secondes leur suffirent pour prendre le contrôle des lieux. Avec une seconde de retard, Frank comprit qu’il avait affaire à des braqueurs expérimentés. Il éprouva le bourdonnement d’excitation qui avait toujours vibré en lui à l’approche du combat, avant de se rappeler qu’il était aujourd’hui un chef d’entreprise en petite forme physique et qu’il avait une famille à protéger. Frank leva les mains en l’air et se décala de quelques pas pour s’interposer entre les hommes et sa femme.

— Prenez ce que vous voulez. Servez-vous et partez. On ne fera pas d’histoires.

Le chef vint droit à lui, brandissant son pistolet à la fois très haut et sur le côté comme un crétin de film d’action, roulant les yeux pour bien montrer sa férocité à Frank.

— T’as intérêt, sac à merde. Bon, où c’est que tu planques tout ça ?

Sans attendre la réponse, il gifla Frank avec le canon de son arme. Cindy poussa un cri, mais Frank avait été frappé beaucoup plus fort que ça dans sa première vie. Il adressa un signe de la main à sa femme, pour la calmer.

— Tout va bien. Ne t’en fais pas, Cin, ça va aller.

— Ça va saigner, ouais, si tu fais pas c’quej’dis !

Le chef enfonça son canon dans la joue de Frank, qui surveillait les autres. Le malabar et le teigneux se séparèrent ; le premier fonça vers la porte-fenêtre pour inspecter le jardin arrière pendant que le deuxième ouvrait à la volée portes et placards. Tous deux gueulaient et juraient. Ces types allaient vite. Vite entrés. Vite sur Frank. Vite à travers les pièces. Vite pour garder la main, et fort pour augmenter le désarroi. Seul l’homme aux favoris effilés prenait son temps, évoluant à la lisière du périmètre comme s’il nourrissait d’autres intentions que ses compagnons.

Frank savait d’expérience qu’il ne suffisait pas de suivre le mouvement : pour survivre, il fallait l’anticiper. Il tenta donc de gagner un peu de temps afin de rattraper son retard.

— Mon portefeuille est dans le bureau. Je dois avoir trois ou quatre cents dollars…

Le chef le frappa à nouveau.

— Tu me prends pour une bille avec ton histoire de larfeuille à la con ?

— Nous avons des cartes de crédit…

Un deuxième coup. Plus violent.

L’homme aux favoris se décida à quitter l’arrière-plan et s’approcha de la table.

— Vous voyez les assiettes ? Il y en a d’autres. Il faut trouver les autres.

Frank fut surpris par son accent. Polonais, peut-être, mais ce n’était pas sûr.

L’homme à l’accent disparut dans la cuisine au moment où le malabar ressortait du séjour et fonçait sur Cindy et Joey. Il colla son pistolet sur la tempe de Cindy et hurla à Frank :

— Tu veux la voir crever, ta salope ? Tu veux que je lui foute mon calibre dans la bouche ? Tu veux que je le lui fasse sucer ?

Le chef flanqua un nouveau coup de poing à Frank.

— Tu crois p’t’êt’qu’il plaisante ?

Sans sommation, le malabar frappa Cindy avec le canon de son pistolet, faisant gicler de sa joue un serpentin rouge vif. Joey hurla, et Frank Meyer sut tout à coup quoi faire.

L’homme qui s’occupait de lui avait les yeux fixés sur sa femme et le malabar quand Frank attrapa sa main droite, lui retourna le poignet et lui cassa le coude. Même s’il avait changé de vie depuis des années, les bons gestes étaient restés gravés dans la mémoire de ses muscles après des milliers d’heures d’entraînement. Il allait devoir neutraliser son agresseur et s’emparer de son arme tout en le projetant au sol, remettre le pistolet en position de tir et en coller deux dans le buffet de l’homme qui tenait Cindy, puis faire volte-face, repérer sa cible suivante et toucher deux fois celui qu’il aurait dans sa ligne de tir. Frank Meyer avait retrouvé ses automatismes. Les gestes s’enchaînèrent dans son esprit exactement comme jadis, et, à l’époque, il aurait pu plier une affaire de ce genre en moins d’une seconde. Mais avant que Frank ait raffermi sa prise sur le pistolet, trois balles l’atteignirent ; la dernière se fracassa contre une des grosses vertèbres du bas de son dos, et Frank s’écroula.

Frank ouvrit la bouche, d’où ne sortit qu’un chuintement. Cindy et Joey hurlèrent. Frank tenta de se relever avec la volonté farouche du guerrier qu’il avait été, mais la volonté ne faisait pas tout.

— J’entends quelqu’un, dit l’homme à l’accent. Dans le fond.

Une ombre frôla Frank sans qu’il puisse la voir.

Le chef apparut au-dessus de lui, tenant d’une main son coude blessé. D’énormes larmes se détachaient au ralenti de ses tresses, scintillantes comme des gouttes de pluie.

— Il me faut ce fric, dit-il.

Il s’avança vers Cindy.

Le monde de Frank s’assombrissait, l’abandonnant peu à peu avec un sentiment d’échec et de honte. Il savait qu’il était en train de mourir, exactement comme il s’était toujours attendu à mourir – mais pas ici, pas maintenant. Ces choses-là n’auraient jamais dû resurgir.

Il aurait voulu tendre la main à sa femme. Cela lui était impossible.

Il aurait voulu la toucher. Cela lui était impossible.

Il aurait voulu la protéger, mais il n’avait pas pu.

Seul son index bougeait encore.

Se contractant comme s’il était animé d’une vie propre.

Le doigt de la détente.

Appuyant dans le vide.

 

 

Vue du dehors, avec ses stores baissés, la maison des Meyer semblait paisible. Les murs épais avaient amorti la plupart des sons venus de l’intérieur, et la rumeur toute proche de la circulation sur Wilshire Boulevard occultait le reste. Ces cris étouffés auraient pu venir d’un home cinéma équipé de bonnes enceintes surround.

Des voitures roulaient dans la rue, certaines en partance pour une virée nocturne, d’autres de retour après une longue journée au bureau.

Un coup de feu s’échappa de la maison, assourdi, anormal. Une grosse Lexus passa, mais, entre ses vitres fermées et la playlist d’un iPod qui faisait puiser l’habitacle de cette voiture luxueuse, la conductrice n’entendit rien. Et ne ralentit pas.

Un nouveau coup de feu claqua dans la maison quelques instants plus tard, ponctué d’un léger flash derrière les volets roulants, une sorte d’éclair lointain.

Un autre éclair suivit.

Et d’autres encore.

Règle N°1
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